Angelina Melnikova est redevenue la reine du monde. La gymnaste russe, sous bannière neutre, a remporté, jeudi 23 octobre, le concours général à Djakarta, en Indonésie, avec 55,066 points, devant l’Américaine Leanne Wong (54,966 points) et la Chinoise Zhang Qingying (54,633 points). Un podium qu’on n’avait plus vu dans la discipline depuis mars 2022. En raison de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par les troupes du Kremlin, les athlètes russes avaient en effet été exclus de toutes compétitions organisées par la Fédération internationale de gymnastique (FIG), et donc des Jeux olympiques de Paris 2024.
Rien n’était joué pour Angelina Melnikova, sortie en tête des qualifications le 21 octobre mais seulement 3e avant son ultime rotation – au sol –, où elle était la toute dernière gymnaste à passer. L’athlète de 25 ans avait chuté à la poutre, perdant de précieux points. Le suspense était à son comble quand Leanne Wong a signé une remontée spectaculaire grâce au saut de cheval.
Deuxième au classement provisoire avant son ultime passage, au sol, l’ex-espoir français Kaylia Nemour, qui concourt sous les couleurs de l’Algérie depuis 2022, a manqué une réception et se retrouve au pied du podium, 4e avec 54,564 points, tout proche de Zhang Qingying. C’est une place de mieux que son classement aux JO (5e), mais ces Mondiaux se déroulent en l’absence de grands noms de la discipline, comme les Américaines Simone Biles (1re) et Sunisa Lee (3e), et la Brésilienne Rebeca Andrade (2e).
Comme lors des derniers Jeux, aucune Française n’était qualifiée pour cette finale. La première européenne, l’Italienne Asia D’Amato, termine 5e.
Médaillée d’or aux concours général par équipes aux JO de Tokyo en 2021, puis la même année concours général individuel des Mondiaux à Kitakyushu, au Japon, Angelina Melnikova avait vu sa carrière marquée le pas à cause de la mise au ban des athlètes russes.
Leur réapparition progressive dans les compétitions de la FIG est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Pour obtenir l’autorisation de concourir – sans hymne ni drapeau, et à titre individuel –, ils devaient ne pas avoir soutenu « activement » le conflit en Ukraine et ne pas être sous contrat avec l’armée ou les services de sécurité de leur pays. Sur la centaine de demandes déposées, une poignée d’entre elles seulement ont été jugée éligibles en mars 2025, dont celle de la sportive, au grand dam de l’Ukraine, qui conteste la réalité de sa neutralité.
Mais le retour d’Angelina Melnikova avait été retardé par le boycott des événements internationaux décidé par la fédération russe pour dénoncer des refus jugés « infondés » et « partiaux » d’une partie de ses athlètes qui n’ont pas obtenu le sésame. La situation s’est décantée en juillet, quand la FIG a procédé à une « mise à jour » de ses prérequis.
Avant Djakarta, Angelina Melinkova n’a donc eu qu’une occasion de se jauger lors d’un rendez-vous officiel : mi-septembre, au Challenge de Paris. Une manche de la Coupe du monde, où elle s’est adjugé l’or à la poutre et l’argent au sol. Egalement qualifiée pour les finales par agrès au saut de cheval et aux barres asymétriques, vendredi, l’athlète compte encore deux chances de médaille, voire de titre.