Agir avant d’être submergé. Avec la délibération « Paris, zéro coliving » adoptée en Conseil de Paris le 8 octobre, la majorité Parti socialiste-Verts-Parti communiste français (PCF) a voulu frapper fort pour appeler à réguler un phénomène en plein essor qui, s’il ne l’est pas, craint-elle, verra à nouveau disparaître des logements ou des opportunités de logements destinés au plus grand nombre. La crise de l’habitat est sévère. Les meublés touristiques type Airbnb ont siphonné une partie du parc. Il ne faudrait pas que ces chambres louées avec services « qui poussent les loyers à la hausse » aggravent encore la situation.
Dans le texte présenté par le groupe communiste – qui compte dans ses rangs l’adjoint au logement Jacques Baudrier, son prédécesseur Ian Brossat devenu sénateur de Paris, et la conseillère déléguée à l’encadrement des loyers Barbara Gomes –, un appel est lancé aux villes touchées « par le même phénomène ». Montreuil, la voisine de l’Est, en Seine-Saint-Denis, a aussitôt rejoint le mouvement. A Lyon, la métropole « souscrit pleinement à cette initiative », confie le vice-président délégué à l’habitat et au logement social, Renaud Payre. Comme les autres, il voit dans cette pratique « un contournement insupportable » de l’encadrement des loyers. Le conseil métropolitain du Grand Paris (130 communes, 7,2 millions d’habitants) doit débattre du sujet en décembre, le Front de gauche prévoyant de déposer un vœu.
Derrière coliving, cet anglicisme se cache un concept protéiforme, sans définition juridique claire qui renvoie à la fois à cette industrialisation de la colocation avec des appartements ou maisons réaménagés pour y loger autour d’une cuisine commune un maximum de chambres, réservables en un clic. Mais aussi à ces résidences gérées produites dans le neuf ou après la transformation de bureaux vacants. Une réponse « à un vrai besoin » des étudiants, jeunes actifs, cadres de passage en quête de « convivialité », « lien social », « flexibilité », jurent les professionnels. Un filon développé sur fond de crise du logement, pour contourner les règles, sauver des actifs tertiaires, rétorquent leurs détracteurs. Dans le dossier complet qu’il publie ce mois d’octobre sur le sujet, le cabinet d’études économiques Xerfi recense 24 000 unités en France en 2025 (contre 2 600 en 2020), et en annonce 33 000 en 2028.