La cérémonie est censée être un anniversaire, mais elle ressemble davantage à des funérailles, avec ses morceaux de musique tristes et ses discours larmoyants. Le 17 octobre, à Mitrovica, dans le nord du Kosovo, une poignée de professeurs et d’étudiants serbes célèbrent les 65 ans de la faculté de philosophie de l’« université de Pristina temporairement délocalisée à Mitrovica », le nom officiel de cet établissement supérieur serbe qui, en 1999, a fui la capitale kosovare pour s’installer dans cette commune à 30 kilomètres plus au nord.
Cela a beau faire dix-sept ans que le Kosovo, peuplé à plus de 90 % d’Albanais, a proclamé son indépendance, les personnes présentes dans cet auditorium, planté dans un quartier à majorité serbe de cette ville divisée, prétendent toujours se trouver en Serbie. « Notre faculté a traversé nombre de moments politiques difficiles, comme l’agression de l’OTAN en 1999 », dénonce, dans son discours, le doyen Zvezdan Arsic, en faisant référence aux frappes occidentales perpétrées cette année-là pour stopper les crimes de guerre commis par l’armée serbe.