Edvard Grieg : « Concerto pour piano ». Camille Saint-Saëns : « Concerto pour piano n° 2 ». Suzana Bartal (piano), Orchestre national de la Sarre, Sébastien Rouland (direction).
Rapprocher le concerto d’Edvard Grieg (1843-1907) et le deuxième des cinq concertos de Camille Saint-Saëns (1835-1921) parce qu’ils ont été composés la même année (1868) est une fausse bonne idée. Si elle évite à celui de Grieg le systématique couplage avec celui de Schumann, elle donne lieu à la confrontation de deux partis expressifs totalement opposés – à cœur ouvert pour l’un, tout en esprit pour l’autre – qui relève d’un grand écart pas facile à réaliser pour les interprètes. Suzana Bartal le négocie avec une maestria de tous les instants. De la vigueur à la langueur, pour le Concerto pour piano, de Grieg, avec, dans le premier mouvement, une merveilleuse cadence dans laquelle elle semble lâcher les notes à regret comme de douloureuses confidences. Consciencieux, mais très distant, l’Orchestre national de la Sarre ne prétend pas se mêler aux effusions lyriques de la soliste. Son chef, Sébastien Rouland, reprend les rênes du dialogue conforme au genre dans le Concerto pour piano n° 2, de Saint-Saëns, qui s’apparente alors à une partie de cache-cache rondement menée. Suzana Bartal séduit, cette fois, par un côté « joueur » qui convient parfaitement à ce compositeur qui s’amuse à faire du faux Bach, du faux Mozart ou du faux Mendelssohn… Pierre Gervasoni