Le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a annoncé vendredi 24 octobre avoir fait appel du jugement prononcé contre des jumeaux de 19 ans dans l’affaire de l’abattage d’un arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi, en contestant le fait que le tribunal n’a pas reconnu le caractère antisémite de leur acte.

Le tribunal correctionnel de Bobigny avait déclaré coupables mercredi ces deux jeunes Tunisiens sans domicile fixe, Brahim K. et Ismaël K., uniquement de destruction du bien d’autrui aggravée.

« L’appel porte notamment sur la décision de relaxe, contraire aux réquisitions du parquet, s’agissant de l’infraction de violation de monument édifié à la mémoire des morts, commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion », a déclaré le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais, dans un communiqué.

Après le jugement intervenu mercredi, qui n’avait pas reconnu le caractère antisémite de cet acte, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, avait dénoncé « l’affront à tous ceux qui luttent contre la haine des Juifs ». « Avec cette décision, non seulement la justice n’apporte pas de réponse à l’antisémitisme mais elle aggrave le problème », avait-il fustigé.

L’abattage de l’arbre, qui avait été planté en 2011 en mémoire d’Ilan Halimi, survenu dans la nuit du 13 au 14 août, avait suscité une indignation unanime. lan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisait appeler le « gang des barbares », sous la direction de Youssouf Fofana. Découvert agonisant au bord d’une voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.

Brahim K. et Ismaël K. n’ont quasiment pas parlé pendant l’audience. « Non, je ne sais pas qui il est », ont répondu en arabe les deux frères quand la présidente du tribunal les a interrogés sur Ilan Halimi. Dans le téléphone d’Ismaël K., une vidéo de son frère jouant avec une tronçonneuse à proximité de la stèle et de l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi, avait été retrouvée trois jours avant l’abattage.

« Pourquoi avez-vous filmé votre frère ? D’où venait la tronçonneuse ? », a demandé la présidente avec insistance. « C’était à un jardinier. Il voulait qu’on vérifie qu’elle fonctionnait », a répondu depuis le box et avec beaucoup de difficulté l’un des prévenus.

Les deux frères avaient été interpellés quelques jours après les faits. Les enquêteurs avaient découvert que leurs téléphones bornaient dans le parc la nuit des faits. Leur ADN avait également été prélevé sur des morceaux de pastèque retrouvés le 14 août autour du tronc coupé, avait fait savoir une source proche du dossier à l’Agence France-Presse. Celle-ci avait relevé que la pastèque est depuis longtemps un fruit symbole de la résistance du peuple palestinien face à Israël.

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