A Toulon, il était simplement le « Grand ». Comme le roi de Macédoine Alexandre III, dont il partageait l’épithète, André Herrero, mort jeudi 23 octobre à l’âge de 87 ans, a régné sur un coin de Méditerranée. Né à Puisserguier, dans l’Hérault, c’est comme « enfant de Toulon » que ce petit-fils d’immigrés espagnols et aîné d’une fratrie célèbre en Ovalie – ses frères Daniel, reconnu ensuite pour sa faconde, Francis et Bernard ont également été rugbymen – a façonné sa légende. Sur la rade, il aura eu tous les rôles, tour à tour joueur, capitaine, entraîneur puis président du Rugby Club toulonnais (RCT). Colosse de 1,88 m pour 96 kg – « et sans muscu », aimait-il rappeler –, celui qui pouvait évoluer en deuxième et troisième ligne a également porté le maillot frappé du coq du XV de France, avant d’en devenir le manageur.
Rude géant aux yeux bleu acier et au regard magnétique, André Herrero a incarné le rugby de son époque. Celle où le rude combat d’avants primait et où les comptes se réglaient sur le terrain, à l’écart des arbitres et des règlements. Forban ou victime, l’international tricolore (22 sélections) qui « a toujours été un bon soldat », selon ses dires, y aura connu tous les destins.