Imaginez un monde où vous pourriez lire les recommandations et témoignages suivants : pour bien démarrer votre semaine de travail, rien de mieux que de s’y mettre dès le dimanche 18 heures. On vide la boîte mail, on prépare sa to-do list. Le lendemain, on pourra ainsi « décliner simplement le lundi et être super efficace ». Sur le trajet du bureau, vous croiserez peut-être des mendiants qui testent leurs accroches pour doubler leur taux de conversion. Vous terminez tard le travail, mais vous aimez tellement votre boîte que vous montez des meubles jusqu’à minuit et consacrez vos week-ends à peindre vos nouveaux locaux. De toute façon, le temps libre, ce n’est pas pour vous. Les vacances vous insupportent : vous êtes obligé de passer du temps en famille et le business est en pause. Vous préférez le 1er-Mai, plus aligné avec vos valeurs : réveil à 7 h 30 pour vendre du muguet avec votre enfant. Quand vous lui demandez le secret du succès, ce dernier répond du tac au tac : « L’emplacement, un bon produit au bon prix, dire bonjour et ne pas forcer la vente. » Mais non, vous n’êtes pas dans une dystopie. Ces conseils professionnels – cauchemardesques – sont dispensés sur LinkedIn.
Avec plus de 1 milliard de membres dans le monde et 33 millions en France, soit 90 % de la population active, le réseau social professionnel a transformé nos vies en entretien d’embauche permanent. Au risque de basculer dans le formatage, l’autopromotion exaspérante et la philosophie de comptoir.