Longtemps, Emilie König, âgée aujourd’hui de 40 ans, a été surnommée « l’égérie du djihad ». Dans les prochains mois, elle sera jugée par la cour d’assises spéciale de Paris, à la suite de l’ordonnance de mise en accusation émise le 16 septembre par les juges d’instruction antiterroristes, pour avoir rejoint l’organisation Etat islamique (EI) entre 2013 et 2017 en Syrie et avoir participé à sa propagande.
Cette étiquette d’« égérie » lui colle à la peau parce qu’elle s’est largement mise en scène sur les réseaux sociaux dans des photos et des vidéos où elle s’entraînait au maniement d’un fusil et appelait à commettre des actes violents en France contre des institutions et leurs représentants ou des civils. L’ONU l’avait même placée, en 2014, sur sa liste des combattants djihadistes les plus dangereux.
Née en 1984 dans le Morbihan, Emilie König a grandi dans un climat de grande misère sociale et affective : père absent, mère fusionnelle et dysfonctionnelle, beau-père abusif, elle consomme très jeune des stupéfiants et subit des violences de son conjoint. Elle se convertit à 16 ou 17 ans à l’islam, avant d’adopter une vision très intégriste de sa religion, notamment sous l’influence de Salma Oueslati, une femme radicalisée de la région niçoise qu’elle retrouvera plus tard en Syrie ? condamnée en appel à six ans d’emprisonnement, en 2023. Pendant l’incarcération de son mari pour violences conjugales, elle se met à porter le voile intégral.