Bonnet de laine noir Lacoste vissé sur la tête, large veste de costume bleu marine sur un sweat à capuche, Nadia Melliti a donné rendez-vous au stade des Lilas, en banlieue parisienne. « Je ne suis pas une personne qui aime s’exposer », confie-t-elle. On sourit. Elle grimace. « C’est vrai que, pour le coup, en ce moment, je suis exposée… Je ne m’attendais pas vraiment à ce que ça prenne une telle ampleur. »
Pour la première fois à l’écran dans La Petite Dernière, d’Hafsia Herzi, la jeune femme en fut la révélation au Festival de Cannes, en mai, recevant le Prix d’interprétation féminine pour ce rôle de jeune fille d’un quartier sensible confrontée à ses désirs homosexuels, prise dans un conflit de loyauté entre ses différentes identités. Le film lui-même est adapté du roman éponyme de Fatima Daas. Jusqu’au dernier moment, Nadia Melliti n’a rien dit à personne, ni à sa mère, ni à ses frères et sœurs, ni à ses amis de la cité Youri-Gagarine, à Romainville (Seine-Saint-Denis), à deux pas d’ici, où elle est née et a grandi. « Je suis comme ça dans la vie : je n’aime pas dévoiler mes processus. Nul ne savait jusqu’au jour où je suis partie à Cannes. »