Il fut l’un des premiers chocs olfactifs du XXe siècle. En 1905, François Coty, créateur visionnaire de la parfumerie moderne, dévoile Ambre antique, un parfum qui rompt avec les conventions de son époque en utilisant des molécules de synthèse. Ce jus, considéré comme le tout premier oriental de l’histoire, mêle des notes d’héliotrope, de jasmin, de labdanum et d’encens, portées par un fond chaud et voluptueux d’ambre gris, de patchouli et de vanille.
Présenté dans un flacon signé René Lalique, Ambre antique incarne une nouvelle conception du luxe, plus émotionnelle. Malgré son aura, il disparaît des rayons en 1935 et glisse dans l’oubli. Seuls quelques flacons conservés par des collectionneurs et une formule manuscrite gardée à l’Osmothèque témoignent encore de son existence. C’est cette archive que le parfumeur technique Philippe Dominique Vernaz a choisi de raviver. Il se lance alors dans une enquête, à la croisée de la science, de l’artisanat et de l’archéologie olfactive.
« Il a fallu une précision d’orfèvre pour retracer le chemin des matières premières et retrouver les fournisseurs de l’époque », explique Stéphane Demaison, vice-directeur du développement olfactif chez Coty. Le parfumeur parvient même à faire renaître la mystérieuse base ambréine S, cœur battant du parfum, dont la formule dormait dans les pages d’un vieux catalogue. Un travail d’orfèvre qui permet aujourd’hui de ressusciter Ambre antique et de lui rendre sa place au panthéon de la parfumerie française.