En Syrie, dans le camp de Roj, le sort suspendu des femmes de djihadistes

En cette fin d’octobre, le ciel au-dessus du camp de Roj est d’un bleu pâle, sans le moindre nuage pour atténuer la chaleur persistante. Sur cette étendue désertique du nord-est syrien, le Rojava, tout près des frontières turque et irakienne, un haut mur fraîchement érigé confirme ce que beaucoup redoutaient : le camp, sous l’autorité des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les Kurdes, abrite les familles de djihadistes venus du monde entier rejoindre l’organisation Etat islamique (EI), lors de la guerre en Syrie, durant les années 2010, avant d’être capturés. Roj est là pour durer. Et ce, malgré l’accord signé le 10 mars entre le président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, et le chef des FDS, le général Mazloum Abdi, prévoyant l’intégration progressive des institutions de cette région autonome du nord-est de la Syrie dans l’Etat syrien.

A terme, les nouvelles autorités de Damas, arrivées au pouvoir après la chute, en décembre 2024, de Bachar Al-Assad, doivent reprendre le contrôle des camps et des prisons de la région, où sont détenus environ 9 000 membres présumés de l’EI et leurs familles.

Mais ici, à Roj, où vivent quelque 2 100 femmes avec leurs enfants, rien ne laisse penser qu’un tel transfert de pouvoir soit en préparation. « Rien n’a été fait, à ce stade, pour que le contrôle soit transféré à d’autres », explique Javré, 30 ans, une Kurde du Rojava, responsable de la sécurité du camp, qui préfère taire son nom de famille. « Ceux qui [selon l’accord du 10 mars] sont censés reprendre les camps et les prisons sont eux-mêmes d’anciens membres de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] ou des mercenaires », poursuit-elle, faisant allusion au passé du président Al-Charaa, autrefois lié à Al-Qaida, ainsi qu’à d’autres forces radicalisées affiliées aux nouvelles autorités syriennes.

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