Est-ce bien raisonnable de… porter une doudoune sans manches ?

Dans la hiérarchie des pièces les plus stigmatisées de nos garde-robes, la doudoune sans manches occupe une telle place qu’elle oblige à s’interroger : pourquoi, plus encore que le pantacourt ou le débardeur, crispe-t-elle tout le monde ? Pourquoi, à l’inverse des Crocs ou des vestes polaires, ne bénéficie-t-elle d’aucun mouvement de réhabilitation ironico-fashion ? En somme, pourquoi tant de haine ?

Si le phénomène est évidemment multifactoriel, permettez-nous, pour ce qui concerne la France et après un examen attentif des dates et des documents photographiques à notre disposition, d’en proposer une lecture politique. De fait, c’est incontestablement sur le dos de nos ministres, députés et autres sénateurs, que la doudoune sans manches, aussi appelée mini-doudoune, bénéficie, depuis une petite dizaine d’années, d’une importante visibilité.

Ceux-ci ont saisi, avec ce vêtement, l’occasion de se libérer du dilemme du manteau d’hiver, à la fois trop chaud, trop imposant, trop austère et trop vieillot, et, au choix, trop caban, trop duffle-coat, trop loden ou trop imperméable. Certainement traumatisés par les images du président François Hollande saucissonné dans son pardessus de laine marine, nombreux sont ceux, dans le camp macroniste, à avoir pris l’habitude de glisser une doudoune sans manches sous leur veste de costume pour se simplifier la vie tout en se protégeant du froid.

C’est ainsi qu’elle est venue compléter la panoplie de l’homme politique français, prenant place aux côtés du costume marine deux boutons en laine et de la cravate marine légèrement trop fine. Autrefois plébiscité, outre-Atlantique notamment, par les travailleurs en extérieur, la doudoune sans manches a ainsi changé de monde et de classe. Ramenée au rang de vulgaire sous-couche, elle a perdu tout son attrait à mesure qu’elle se politisait.

Faut-il en conclure que la détestation de la doudoune sans manches illustre le rejet d’une certaine classe politique hexagonale ? Faut-il voir dans la multiplicité des critiques lancées à son endroit des attaques inconscientes contre ces dirigeants dépassés ? Faut-il d’ailleurs s’attendre à ce que le costume marine deux boutons en laine et la cravate marine légèrement trop fine subissent prochainement la même stigmatisation et le même rejet ? Rien ni personne ne le sait. Et certainement pas nous.

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