Manon Moncoq est anthropologue du funéraire. Elle achève une thèse sur les funérailles écologiques
« Dans le domaine funéraire, il est difficile de bouger les lignes. Nous sommes très attachés à un référentiel qui nous rassure, qui donne un cadre à ce moment de vie très dur, dans une société où la mort est évacuée des conversations. Nos cimetières sont pensés pour donner l’illusion de l’éternité du défunt : rien ne bougera. Il y a eu, le plus souvent, des soins de thanatopraxie, le corps est placé dans un caveau en béton, couvert d’une pierre tombale, cerné de monuments…
Avec la crémation, qui progresse lentement mais constamment, un premier pas a été fait vers la fin de cette logique de conservation : depuis 1976, il est possible de disperser les cendres en pleine nature. Désormais, les cimetières naturels, où les cercueils sont inhumés en pleine terre, réinscrivent le corps mort dans un cycle du vivant. On sort du combat fictif contre la mort mené dans les cimetières traditionnels. On laisse place à la naissance puis à la mort des végétaux. Le temps qui passe est visible, concret, voire esthétique.