S’il écrit volontiers à la première personne les romans et les recueils de nouvelles qu’il publie depuis 2009, David Thomas ne « sai[t] pas écrire “je” si ce “je” est [lui]-même ». Rien de plus étranger à son travail que la démarche autobiographique. « Je suis un auteur qui avance masqué, affirme-t-il, derrière ses personnages. » Reconnu pour la tendresse et l’alacrité qu’il manifeste dans ses très courtes nouvelles – son dernier recueil en date, Partout les autres (L’Olivier, 2023), a reçu le prix Goncourt de la nouvelle –, il ne se représente pas non plus en écrivain « qui traite son sujet ». Dans Un frère, son nouvel ouvrage, il note : « Je n’ai jamais su faire ça, et surtout, ça m’emmerde de faire ça. Et puis je ne crois pas une seconde qu’écrire soulage. »

Comment évoquer, dans ces conditions, la relation qu’il a entretenue avec son frère Edouard, atteint de schizophrénie, et mort en juin 2022 à moins de 60 ans ? Qu’attendre d’un tel texte que son auteur sait avoir « besoin d’écrire » mais dans lequel il rechigne à s’engager ? Ce serait, pense-t-il, comme s’aventurer « dans une forêt [qu’il n’a] aucune envie de traverser, [s’]enfoncer dans une cavité géologique où il fait noir, froid, humide » sans savoir où cela le « conduira ».

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