La parution, en 1975, de Surveiller et punir, de Michel Foucault (Gallimard), au sous-titre évocateur, Naissance de la prison, a stimulé dans les années 1980 un débat académique très riche sur cette forme de pénalité que le philosophe jugeait typique des sociétés contemporaines. De L’Impossible Prison, collectif dirigé par Michelle Perrot (Seuil, 1980), à La Prison républicaine (1871-1914), de Robert Badinter (Fayard, 1992), en passant par Ces peines obscures (Fayard, 1990), somme que l’historien Jacques-Guy Petit consacra au XIXe siècle pénitentiaire, une série de travaux historiques importants se concentra alors sur différents aspects des nouvelles réalités carcérales. L’intérêt pour cet objet a ensuite diminué, et l’on pouvait même croire qu’il avait disparu.
Depuis quelques années cependant, un regain sensible de la préoccupation historienne à propos de ces hauts murs se fait jour. La parution du livre d’Elsa Génard, Sous les verrous, issu d’une thèse soutenue en 2021, en constitue une belle illustration. Véritable réussite, il s’inscrit dans une tradition – Michelle Perrot préface d’ailleurs l’ouvrage –, tout en ouvrant de nouveaux horizons de recherche sur ce lieu brûlant du contemporain.