Moins d’une semaine après l’échec de son « plan Matignon », le Rassemblement national (RN) coupe ses premières têtes. Officiellement, le parti d’extrême droite promet un simple « examen conscience » après des législatives gangrenées par des dizaines de candidats xénophobes, racistes ou antisémites ; sans compter ceux qui fuyaient les médias et les débats par crainte de la contradiction. Circulez : le mouvement de Jordan Bardella réfute toute « purge » et renvoie la refonte de son organigramme à la rentrée en septembre.
Loin des micros, des premières « brebis galeuses » – qualificatif donné par le président du parti à ses représentants problématiques, pour en minimiser le nombre – ont pourtant déjà été exclues. Battue le 7 juillet dans la 2e circonscription de l’Aveyron, Marie-Christine Parolin a quitté, quelques jours plus tard, les rangs du RN au conseil régional d’Occitanie, où elle siège désormais parmi les « non-inscrits ». « Elle est sortie du groupe et sera convoquée en commission des conflits », confirme le parti au Monde.
Dans un débat organisé par la radio locale CFM, en mai dernier, exhumé lors des législatives, Marie-Christine Parolin répond par l’affirmative à un adversaire l’accusant de vouloir remplacer la devise républicaine (« Liberté, égalité, fraternité ») par celle du régime de Vichy (« Travail, famille, patrie »).
Autre indésirable soudainement passé chez les « non-inscrits » : Laurent Gnaedig, qui n’apparaît plus dans le groupe RN du conseil régional du Grand-Est. Candidat dans la 1re circonscription du Haut-Rhin, le quinquagénaire a considéré, le 3 juillet, dans un débat sur BFM Alsace, que le fondateur du Front national (devenu RN), Jean-Marie Le Pen, qualifiant les chambres à gaz de « point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale » n’était pas « une remarque antisémite » mais « un très mauvais choix de mots », « une grave erreur de communication et surtout de compréhension du camp adverse ». Sollicité, Laurent Gnaedig n’a pas répondu au Monde. Pas plus que Laurent Jacobelli, président du groupe RN au conseil régional du Grand-Est et porte-parole du RN.
Les deux conseillers régionaux ne seront pas les seuls à tomber après l’échec des législatives. D’autres membres du parti sont convoqués fin juillet devant sa commission des conflits, selon les informations du Monde. Pour le moment, le RN n’avait admis que l’exclusion de son groupe à l’Assemblée nationale de Daniel Grenon, député de l’Yonne réélu après avoir affirmé que les « Franco-Maghrébins » n’avaient pas leur place « dans les hauts lieux de la République ».