Kate Kallot, entrepreneuse : « En Afrique, l’IA doit être construite par et pour les Africains »

Jensen Huang, président-directeur général de Nvidia, a introduit un concept qui redéfinit la géopolitique du développement : les « usines à intelligence ». Les centres de données modernes où entrent des données brutes, affinées par algorithmes, et, ce qui en ressort, c’est de l’intelligence : des diagnostics médicaux, des prévisions climatiques et des analyses stratégiques. Comme les aciéries du XIX? siècle transformaient le fer, les usines à intelligence artificielle (IA) du XXI? siècle transforment les données en unités de valeur, ces tokens [« jetons »] numériques qui participent désormais à l’économie mondiale.

D’ici à 2030, l’IA devrait ajouter 22 300 milliards de dollars américains [19 160 milliards d’euros] au produit intérieur brut mondial, selon le média spécialisé Monitor Daily, soit une des plus grandes expansions économiques de l’histoire moderne. Mais derrière cette promesse se cache une question essentielle : qui captera cette valeur ? Dans ce nouvel âge des données, les nations qui ne possèdent pas leurs infrastructures numériques souveraines risquent de rester simples fournisseurs de matière brute, données et main-d’œuvre, tandis que la richesse, elle, s’exporte ailleurs.

L’histoire africaine de l’innovation démontre une vérité souvent négligée : les contraintes ne sont pas des barrières, ce sont des principes de design. L’Afrique n’a pas attendu l’infrastructure bancaire ni les smartphones pour inventer M-Pesa [plate-forme de paiement par mobile] et révolutionner la finance numérique. Cette capacité à innover à partir des contraintes du continent est précisément ce qui le positionne pour un saut historique. L’IA ne doit pas être quelque chose que nous, Africains, subissons, elle doit être construite par nous et pour nous.

Contrairement aux idées reçues, bâtir des usines à intelligence ne requiert pas les hyperscalers [centres de données géants] des Etats-Unis. L’avenir de l’IA sera distribué, efficace et sobre, exactement le paradigme dans lequel l’Afrique opère déjà. Le Kenya développe des zones de cloud alimentées par les énergies renouvelables ; le Togo et le Rwanda investissent dans des plateformes nationales de données. Des micro-centres de données à énergie renouvelable émergent, soutenant ces écosystèmes de données décentralisés. Des initiatives comme Amini AI, qui construit des infrastructures de données souveraines en partenariat avec plusieurs gouvernements africains, montrent que cette vision est déjà en marche.

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