En ce jour de fin septembre, dans une petite salle de réunion, au deuxième étage du tribunal de justice de Paris, Daniel (il n’a pas souhaité donner son nom), 85 ans, tient table ouverte. A la retraite, ce pharmacien de formation, devenu sur le tard juge de tribunal de commerce, est désormais conciliateur de justice. Son activité est de tenter de mettre d’accord deux parties adverses afin de leur éviter un long et parfois onéreux procès. De 9 heures à 18 heures, Daniel traite toutes sortes de conflits de la vie quotidienne : des histoires de copropriété, de succession, de voisinage, de contentieux divers et variés…
Ce matin, ils sont quatre face à lui. En cause : la durée d’un bail de chasse. Pour le bailleur, il s’agit de neuf ans, pour les locataires de huit ans. D’entrée de jeu, Daniel justifie le recours à l’amiable : « Mieux vaut une solution moyenne qu’une solution incertaine. Car un juge, par définition, on ne sait jamais ce qu’il va décider. » Il fixe la règle du jeu : « Vous allez pouvoir vous lâcher, dire ce que vous voulez, mais tout ce qui sera dit restera confidentiel, et ne pourra jamais être repris à un éventuel procès, au cas où on ne parviendrait pas à trouver un accord. »