Ce texte est écrit de Jamaïque, où les ravages causés par l’ouragan Melissa, la tempête la plus puissante à avoir jamais frappé le pays, sont considérables. Cent vingt communautés ont été touchées, et les dégâts sont évalués à environ 7 milliards de dollars [6 milliards d’euros]. Un tiers du PIB du pays vient de disparaître. Il s’agit, une fois de plus, d’un rappel brutal de la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement face à une crise qu’ils n’ont pas provoquée. Ces pays paient la facture climatique d’émissions produites par d’autres.
Cette dévastation est également un avertissement à l’égard des enjeux de la COP30, qui s’ouvre à Belem, au Brésil. Les dirigeantes et dirigeants du monde entier resteront-ils fidèles à l’esprit et à la lettre de l’accord de Paris sur le climat, en maintenant la hausse de la température mondiale sous les 1,5 °C d’ici à la fin du siècle ? Où commencerons-nous à accepter le nouveau discours du « dépassement inévitable » et à envisager de corriger le tir plus tard ? Il n’y a qu’une seule avenue possible, car accepter le dépassement violerait non seulement l’accord de Paris, mais porterait également atteinte à l’intégrité même de la coopération internationale.
Ma carrière est étroitement liée au thème de l’action climatique. Au début des années 2000, en tant que membre du Parlement européen, j’ai participé à l’élaboration du système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne et j’ai été rapporteur dans le cadre de la ratification du protocole de Kyoto par l’Union européenne.
Plus tard, en tant que ministre de l’environnement et de l’énergie portugais, j’ai pris part aux négociations qui ont débouché sur l’accord de Paris, en 2015. Je me souviens très bien de ce qui avait été consenti : passer de l’approche descendante de partage des charges prévue par le protocole de Kyoto à un système inclusif et ascendant. Chaque pays déciderait de sa propre « contribution déterminée au niveau national », mais tous travailleraient collectivement pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050 et pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici à 2100. Les progrès seraient examinés tous les cinq ans dans le cadre de bilans mondiaux.