Révisez vos cartes : la capitale du Brésil a changé. C’est presque une habitude dans ce pays continent qui, après Salvador de Bahia (1546-1760), Rio de Janeiro (1763-1960) et Brasilia (actuellement), vient de déménager son centre politique et administratif à Belem, aux portes de l’Amazonie. Mais le transfert n’est que provisoire. Il n’est effectif que durant deux petites semaines, le temps de la Conférence des parties sur le climat (COP30), du 10 au 21 novembre.
Du jour au lendemain, l’arrivée de 60 000 visiteurs a catapulté la cité aux avant-postes de la scène mondiale. L’aéroport bourdonne, les bateaux se pressent dans la baie de Guajara. Les vieux docks débordent d’illuminations et de festivités. Partout, débats, conférences, expositions… David Fleury, 36 ans, producteur culturel, ne reconnaît plus sa ville : « Belem est en pleine ébullition ! » Cette métropole de 1,6 million d’habitants s’est refait une beauté. Ses façades rose bonbon, jaune d’œuf et vert fluo ont été repeintes. Le marché Ver-o-Peso (« voir le poids »), cœur névralgique de Belem, avec sa structure de fer et ses quatre tourelles, a bénéficié d’une rénovation complète : allées nettoyées, éclairage et réfrigération modernisés… C’est à peine si l’on y décèle encore le pitiu, cet effluve moite et tenace du poisson d’eau douce.
Soucieux de son image de champion du climat, le président Luiz Inacio Lula da Silva a vu grand pour « sa » COP. Ce transfert officiel et symbolique de la capitale, acté par une loi votée au Congrès, s’est accompagné d’un déploiement considérable de moyens. Le siège des négociations a été érigé sur 500 000 mètres carrés, l’aéroport modernisé, un terminal portuaire flambant neuf a vu le jour. Assainissement, routes asphaltées, couloirs de bus, parcs… Près de 1 milliard de dollars (866 millions d’euros) ont été investis pour transformer Belem en pimpante vitrine de l’Amazonie.