Leur colère a éclaté sous les yeux des caméras. Le 11 novembre, plusieurs dizaines de manifestants ont forcé l’entrée de la « zone bleue », le périmètre ultrasécurisé de la Conférence des parties (COP30), qui se tient jusqu’au 21 novembre à Belem, au Brésil. Parmi les protestataires, repoussés par les forces de l’ordre, se trouvaient de nombreux représentants des peuples autochtones. Vêtus de coiffes à plumes et de peintures rituelles, ils comptaient faire entendre leurs revendications dans le « saint des saints » du sommet.
C’est loin d’être le seul acte de protestation pour les Amérindiens, qui sont environ 5 000 à avoir convergé dans la capitale de l’Etat du Para, bien décidés à bousculer l’ordre du jour de cette grand-messe climatique. Le 14 novembre, des membres du peuple munduruku ont ainsi bloqué la principale voie d’accès à la « zone bleue ». Objectif : dénoncer un décret facilitant la navigation commerciale sur plusieurs fleuves amazoniens, menaçant leurs sites sacrés et les écosystèmes.
Raoni Metuktire est lui aussi monté au créneau. Le célèbre cacique kayapo, présent à Belem, tempête face au président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, accusé d’avoir donné son feu vert à l’exploration pétrolière au large du delta de l’Amazone. « S’il le faut, je tirerai les oreilles du président pour qu’il m’écoute. Il doit nous respecter ! », a tancé le chef nonagénaire face à la presse, le 12 novembre.
La COP30 aurait dû être un moment de consécration pour les peuples autochtones, placés au cœur de l’agenda politique de Lula. Le 1er janvier 2023, jour de son investiture, c’est au bras du cacique Raoni que le président avait justement remonté symboliquement la rampe du palais présidentiel du Planalto à Brasilia. « [Les peuples autochtones] ne sont pas des obstacles au développement, ils sont les gardiens de nos fleuves et de nos forêts, et une part essentielle de notre grandeur en tant que nation », proclamait-il lors de son discours.