Quelques jours plus tôt, Kaouther Adimi était au Salon du livre d’Alger. Avant de s’y rendre, elle n’imaginait pas la visibilité, sur place, des tensions entre l’Algérie, son pays d’origine, et la France, où elle vit depuis 2008 et dont elle a également la nationalité : escamotage de la langue française sur les affiches promouvant l’événement (restaient l’arabe, l’anglais et le tamazight), absence des éditeurs hexagonaux, discrétion de l’Institut français d’Algérie.

L’écrivaine, dont les livres, de l’autre côté de la Méditerranée, sont tous publiés chez Barzakh, s’était interrogée sur la pertinence de se rendre à Alger dans ce contexte, alors que son confrère Boualem Sansal était incarcéré depuis un an (il a été gracié mercredi 12 novembre), et que les auteurs dotés de la double nationalité, tel, aussi, Kamel Daoud, font office d’abcès de fixation dans les relations entre les deux Etats. Son vif débit ralentit un peu, comme si elle pesait ses mots auprès du « Monde des livres » : « J’ai pensé qu’il fallait continuer à occuper l’espace, à aller dans des endroits comme celui-là pour dire que la diversité des livres et des opinions nous enrichit. Au-delà du sort injuste de Sansal, qui n’émeut pas tellement les Algériens parce qu’ils ne le connaissent pas comme auteur, je suis inquiète de la crispation globale, en Algérie, sur les questions d’opinion et de liberté d’expression. Je vois arriver une mise sous cloche qui m’effraie. »

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