En 1984, Smalltown Boy (« le garçon de la petite ville »), premier tube pop-rock du groupe britannique Bronski Beat, inonde les radios et télévisions européennes. Simultanément, le public découvre la voix incroyable de contreténor du chanteur (et auteur) Jimmy Somerville ; son look à la Tintin, avec sa houppette, sa chemise et son pantalon large ceinturé… Et son déhanché chaloupé, terriblement contagieux.
Toute une génération s’identifie alors à ce jeune homme, qui chante la détresse d’un adolescent victime de moqueries (sans préciser que c’est à cause de son homosexualité). « Maltraité, bousculé », il préfère fuir, même si « Maman ne comprendra jamais pourquoi tu as dû partir ». « Run away, turn away, [fuis, détourne-toi] », serine le refrain. Presque comme dans la vraie vie, Jimmy Sommerville a quitté à 17 ans la banlieue ouvrière de Glasgow où il est né, un aller simple pour Londres en poche.
En 2024, à l’occasion des 40 ans de la sortie de Smalltown Boy, une troupe queer a repris ses chansons sur la scène du Queen Elizabeth Hall, à Londres. Le réalisateur Olivier Simonnet en a profité pour interviewer des artistes l’ayant côtoyé et retracer le parcours de Jimmy Somerville et de ses groupes (Bronski Beat, les Communards) au prisme de son combat pour les droits homosexuels – dans le Royaume-Uni réactionnaire de l’ère Thatcher, et dans un monde où le sida est incurable.