Un prix Nobel de littérature pour un écrivain originaire d’Amazonie ? Si l’on en croit les bookmakers, nous avons frôlé un tel événement. Début octobre, plusieurs sites britanniques ont placé Milton Hatoum, immense auteur brésilien né à Manaus, la plus grande métropole de la forêt tropicale, parmi les favoris pour la distinction de Stockholm. Espoirs déçus : l’heureux élu fut finalement le Hongrois Laszlo Krasznahorkai.
L’épisode amuse l’intéressé. « Ce qui importe, c’est d’être reconnu par des lecteurs de qualité », philosophe Milton Hatoum, serein et confiant. A 73 ans, l’homme n’est pas aussi lu en France que le Bahianais Jorge Amado ou le Carioca Machado de Assis, mais il n’en demeure pas moins l’un des plus grands écrivains brésiliens contemporains et a déjà reçu tous les honneurs.
Triple lauréat du prix Jabuti, la récompense littéraire la plus prestigieuse du Brésil, ses livres se sont vendus à plus de 500 000 exemplaires dans dix-sept pays. Dernier hommage en date : il a été élu en août à l’Académie brésilienne des lettres.
« J’ai mis dix ans avant de poser ma candidature. En bon Brésilien, je déteste le formalisme et les rituels », confiait le 3 novembre le nouvel Immortel. Lunettes rondes et cheveux argentés, on le retrouvait à la terrasse d’un hôtel d’Ouro Preto, où il participait au Forum das Letras, l’un des plus importants festivals littéraires du Brésil. L’occasion de présenter son dernier roman, Dança de enganos (« La danse des leurres », Companhia das Letras, non traduit), dont l’action se déroule en partie dans cette sublime cité baroque du Minas Gerais.