Touchée, mais toujours pas coulée. La taxe sur les grands yachts, instituée en 2018 et considérée par beaucoup comme l’exemple même d’un échec fiscal complet, a bien failli être supprimée, mercredi 19 novembre, par l’Assemblée nationale. A une courte majorité de 74 voix contre 67, les députés qui examinent en première lecture le projet de budget pour 2026 ont cependant décidé de maintenir cette taxe très contestée, qui rapporte… 187 fois moins qu’espéré. Un cas d’école de l’écart qui peut exister entre l’intention du législateur et la réalité.
Tout débute à l’automne 2017. Emmanuel Macron vient d’arriver à l’Elysée. Il a décidé de supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune, que détestent les riches. A la place, les macronistes au pouvoir mettent en place un impôt sur la fortune immobilière beaucoup moins massif, mais aussi une taxe sur les grands yachts. Une mesure avant tout symbolique, ciblant un signe extérieur de richesse, histoire de montrer qu’Emmanuel Macron n’est pas le « président des riches » que commence à critiquer la gauche.
Richard Ferrand, chef des députés La République en marche, évalue alors le gain pour l’Etat à 10 millions d’euros par an. « Il sera possible » de l’affecter à la Société nationale de sauvetage en mer, suggère-t-il. Mais dès les premières années d’application, la taxe fait plouf. En 2019, son rendement se limite à 288 000 euros. En 2025, il s’est encore contracté, à seulement 60 000 euros. Très, très loin des 10 millions visés. « Cette taxe ne sert à rien, ne marche pas, et coûte probablement plus cher à recouvrer » que ce qu’elle rapporte, a cinglé mercredi soir le député (Renaissance) du Bas-Rhin Charles Sitzenstuhl, un ancien de Bercy.