L’oukase du Kremlin est formel. Tout ressortissant étranger de sexe masculin entre 18 et 65 ans est désormais prévenu : pour s’installer en Russie, il devra signer un contrat d’au moins un an avec l’armée. Près de quatre ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, les autorités multiplient les sources de recrutement d’hommes obligés de partir combattre au front.
Dès le début de la guerre, les émigrés originaires du Caucase et d’Asie centrale avaient été ciblés. L’absence de papiers d’identité officiels ou la nécessité de renouveler les cartes de résidence les mettaient dans une situation de dépendance virant rapidement au chantage. Des milliers d’employés de restaurants ou de chauffeurs de taxi ont ainsi été contraints de partir au front. Et des migrants en situation irrégulière, menacés d’expulsion, ont été envoyés dans un centre de rétention, forcés de signer un contrat avec le ministère de la défense.
L’oukase 821, signé le 5 novembre par Vladimir Poutine, élargit et officialise ce recrutement militaire forcé : l’obtention d’un permis de séjour, et plus tard éventuellement d’un passeport, est dorénavant conditionnée à un engagement d’aller au front. Ce nouveau décret exige des candidats, en plus des multiples formalités administratives habituelles, l’un des trois documents suivants : un contrat d’au moins un an avec les forces armées russes, un certificat de démobilisation ou un certificat médical d’inaptitude au service militaire.