Près de vingt-cinq ans après avoir légalisé la prostitution, l’Allemagne interroge à nouveau son modèle, l’un des plus libéraux d’Europe. C’est la présidente du Bundestag, Julia Klöckner, qui a rouvert le débat, déplorant que l’Allemagne soit devenue « le bordel de l’Europe ».
« Je suis fermement convaincue que nous devons enfin interdire la prostitution et l’achat de services sexuels dans notre pays », a-t-elle déclaré le 4 novembre, dans un discours à l’occasion de la remise du prix Heldinnen-Award – qui honore les accomplissements des femmes –, de la fondation de l’essayiste féministe Alice Schwarzer, à Berlin. « Lorsque nous parlons des droits des femmes mais que nous affirmons que la prostitution est un métier comme un autre, cela est non seulement ridicule, mais aussi méprisant envers les femmes, a poursuivi l’élue issue de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Au contraire, ni la loi sur la prostitution ni la loi sur la protection des prostituées ne renforcent durablement les droits des femmes. »
Nina Warken, la ministre de la santé, également conservatrice, a quelques jours plus tard abondé : « Comme d’autres pays, l’Allemagne a besoin d’une interdiction pénale de l’achat de services sexuels pour les clients. Les prostituées doivent rester impunies et bénéficier d’une aide complète pour sortir de la prostitution », a-t-elle dit au Rheinische Post, le 7 novembre.