Hedda (Tessa Thompson) s’enfonce peu à peu dans la rivière, quand une voix au loin l’interpelle. Eileen Lovborg (Nina Hoss) au téléphone insiste pour lui parler. La jeune femme sort de l’eau et se déleste des cailloux qu’elle portait sur elle, révélant un probable dessein mortifère. Quelques instants plus tard, la voilà sur la terrasse de son opulent manoir, tirant un coup de feu non loin du juge Roland Brack (Nicholas Pinnock), un ami de son père décédé, qui vient lui rendre visite. Dès les premières minutes de Hedda, brillante nouvelle adaptation cinématographique de la célèbre pièce de Henrik Ibsen, Hedda Gabler (1890), disponible sur Prime Video, la mort plane, dans un mélange de pulsions destructrices et autodestructrices.
Parmi les principaux changements opérés par la réalisatrice américaine Nia DaCosta (Candyman, 2021 ; The Marvels, 2023), l’action a été transposée de la Norvège de la fin du XIXe siècle à l’Angleterre des années 1950, et recentrée sur quelques heures, le temps d’une grande fête organisée par Hedda, ici une femme noire, et son nouveau mari, George Tesman (Tom Bateman). La soirée doit leur permettre d’assurer, pour ce dernier, l’obtention d’une chaire professorale à l’université. C’était sans compter sur le retour inattendu d’Eileen Lovborg, qui convoite également le poste, portée par un projet de livre coécrit avec sa nouvelle compagne Thea Clifton (Imogen Poots) sur le futur de la sexualité. Pour Hedda, qui a eu, par le passé, une passion ravageuse avec Eileen avant d’être quittée, l’occasion est trop belle de mettre en lumière son époux et de ruiner les espoirs de celle qui lui a brisé le cœur.