En 1890, un garçonnet nommé Peppino grimpe, tout nu, à califourchon sur la croupe d’un des lions de pierre qui gardent l’entrée de la loggia à la Villa Médicis de Rome. Depuis 1803, ces deux fauves impassibles ont vu passer bien des pensionnaires, boursiers de cette résidence d’artistes prestigieuse. Ce jour-là, c’est Gabrielle Hébert (1853-1934) qui a immortalisé le petit garçon servant de modèle aux artistes. Epouse du peintre Ernest Hébert, qui fut le directeur de la Villa à deux reprises, cette photographe amateur s’est faite la chroniqueuse de la vie à l’Académie de Rome à la fin du XIXe siècle.
Elle en a montré la face officielle – les pensionnaires en plein travail ou les visiteurs illustres – mais s’est aussi penchée sur les coulisses de la maison : les artistes jouant à saute-mouton dans le jardin, les nombreux employés et domestiques qui faisaient tourner la boutique, les modèles venus du sud pauvre de l’Italie…