En Guinée Bissau, moins de vingt-quatre heures après le renversement du chef de l’Etat, Umaro Sissoco Embalo, les militaires qui disent contrôler le pays ont investi, jeudi 27 novembre, le général Horta N’Tam, jusque-là chef d’état-major de l’armée de terre, comme président de la transition « pour un an ».
Les officiers ont justifié leur action par la nécessité de « rétablir l’ordre ». Toutefois, au sein de l’opposition et d’une partie des observateurs, ce coup pourrait être une manœuvre pour empêcher une alternance politique, souligne Vincent Foucher, chercheur au CNRS et spécialiste de la Guinée-Bissau.
C’est encore une hypothèse, mais il n’est pas impossible que ce putsch soit une opération de manipulation. Il est survenu la veille de la publication des résultats de la présidentielle, dans un contexte politique extrêmement tendu, et semble, autant qu’on puisse en juger, plutôt favorable au dirigeant renversé, Umaro Sissoco Embalo.
Une interprétation très plausible est que ce coup d’Etat a été perpétré pour empêcher la victoire de l’opposant Fernando Dias. Ce dernier pouvait compter sur deux bassins électoraux très puissants en Guinée-Bissau : la communauté balante – la plus importante du pays – et les soutiens du PAIGC [le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, exclu de ces élections], la formation qui arrive en tête de quasiment tous les scrutins depuis l’instauration du pluralisme en Guinée-Bissau.