Lors du premier mandat de Donald Trump, entre 2017 et 2021, la communauté internationale avait assisté à la mise en œuvre par les Etats-Unis d’un repli nationaliste. Ce néo-isolationnisme répondait à la colère des classes moyennes américaines, irritées par des années de guerre sans résultat tangible en Afghanistan et en Irak, et avait été appliqué avec une relative constance par le locataire de la Maison Blanche. Mais, depuis sa réélection en novembre 2024, le président américain a déployé deux nouveaux projets différents.
A l’occasion de sa conférence de presse du 7 janvier, en Floride, Donald Trump a d’abord annoncé à des journalistes médusés sa volonté d’agrandir le territoire national. Cette attitude prédatrice, qui renoue avec celle des premiers présidents impérialistes que furent William McKinley [1897-1901] et Theodore Roosevelt [1901-1909], visait d’abord le voisinage immédiat du territoire dirigé par Donald Trump, avec le Canada, le Groenland et le canal de Panama.
Cette démarche a été peu suivie d’effet jusqu’à présent : les négociations du consortium américain mené par [le gestionnaire d’actifs] BlackRock pour racheter la concession des ports de Balboa et Cristobal – situés à chaque extrémité du canal de Panama – à [CK Hutchison] l’entreprise proche de Pékin qui les détient n’ont pas abouti pour l’instant. Mais le président pourrait ranimer ces revendications territoriales en 2026, notamment celle sur le Groenland : les achats de territoire ont été fréquents dans la construction du territoire national, et une proposition en ce sens, assortie de pressions sur le Danemark, n’est pas exclue.
Enfin et surtout, dès les premiers mois de son second mandat, Trump a fait montre d’un engagement inattendu sur les principaux dossiers internationaux. C’est la troisième « doctrine Trump », celle d’une diplomatie tous azimuts, qui entre en contradiction totale avec ses réticences passées, au grand dam de sa base populiste MAGA (Make America Great Again) représentée au plus haut niveau par le vice-président, J. D. Vance.