L’administration Trump a émis, vendredi 5 décembre, un document titré « Stratégie de défense nationale », dans lequel elle anticipe l’« effacement civilisationnel » de l’Europe. « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans vingt ans ou moins », y est-il écrit.

« Dans tout ce que nous faisons, nous mettons l’Amérique d’abord », résume Donald Trump dans une préface au document de 33 pages, qui exhorte à « protéger le pays des invasions ». Il entend aussi en finir avec « l’époque où les Etats-Unis soutenaient l’ordre mondial tout entier, tel Atlas », et souhaite tourner la page des décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale.

Le texte reprend les grandes lignes de la politique étrangère américaine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, en janvier, alors que les relations avec l’Union européenne se dégradent, sur fond de négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine sans participation active du Vieux Continent.

Les présidents américains publient généralement une présentation stratégique de ce type à chaque mandat. La dernière, rédigée par Joe Biden en 2022, mettait l’accent sur l’acquisition d’un avantage compétitif par rapport à la Chine, tout en prônant l’endiguement d’une Russie jugée « dangereuse ». La nouvelle, disponible sur le site de la Maison Blanche, anticipe, quant à elle, d’importants changements au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

« Il est plus que plausible que, d’ici quelques décennies au plus tard, les membres de l’OTAN deviennent majoritairement non européens », peut-on y lire. « Il est légitime de se demander s’ils percevront leur place dans le monde, ou leur alliance avec les Etats-Unis, de la même manière que ceux qui ont signé la charte » de l’organisation.

Washington dénonce pêle-mêle : les décisions européennes qui « sapent la liberté politique et la souveraineté ; les politiques migratoires, qui transforment le continent et créent des tensions ; la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique ; la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales (…) », tout en souhaitant que « l’Europe reste européenne, retrouve sa confiance en elle-même sur le plan civilisationnel et abandonne son obsession infructueuse pour l’asphyxie réglementaire ».

Berlin a réagi promptement par la voix son ministre des affaires étrangères, Johann Wadephul, selon qui l’Allemagne n’a pas besoin de « conseils venant de l’extérieur », en ce qui concerne « la liberté d’expression » ou « l’organisation des sociétés libres ».

Le document, qui survole la stratégie en Afrique et au Proche-Orient en quelques paragraphes, vise à réorienter la politique diplomatique et militaire américaine au regard des évolutions géopolitiques planétaires, mais surtout des intérêts de Washington nouvellement définis.

Soulignant les efforts déployés pour accroître l’approvisionnement énergétique américain, l’administration américaine estime que « la raison historique » pour laquelle les Etats-Unis se sont focalisés sur le Moyen-Orient « va s’amoindrir ». Elle plaide pour la restauration de « la suprématie américaine » en Amérique latine et annonce un « réajustement » de la présence militaire américaine dans le monde, « pour répondre aux menaces urgentes sur notre continent », est-il précisé. Le texte recommande, en outre, « un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué au cours des dernières années ou décennies ».

Concernant la Chine, Washington réitère les appels pour une région Asie-Pacifique « libre et ouverte », tout en mettant davantage l’accent sur la concurrence économique. Le Japon et la Corée du Sud sont invités à faire plus d’efforts pour soutenir Taïwan face à Pékin. « Nous devons inciter ces pays à augmenter leurs dépenses de défense, en mettant l’accent sur les capacités nécessaires pour dissuader les adversaires » de s’en prendre à l’île, affirment les auteurs du document.

Par ailleurs, « l’ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale », affirment-ils. « Nous devons protéger notre pays contre les invasions, non seulement contre les migrations incontrôlées, mais aussi les menaces transfrontalières telles que le terrorisme, les drogues, l’espionnage et la traite des êtres humains », poursuivent-ils.

Dernières décisions en date de la politique anti-immigration de Donald Trump, les services américains de citoyenneté et d’immigration (USCIS) ont annoncé la suspension des demandes de « carte verte » de résident permanent ou de naturalisation émanant de ressortissants de 19 pays. Ils ont aussi réduit la durée des permis de travail de nombreuses catégories d’immigrés.

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