Trois livres de poche conseillés par François Angelier pour partir au loin, de Noëlle Roger, François Sureau et Paul Kawczak

De toute éternité, de Platon à Pierre Benoit, du Timée (358-356 av. J.-C.) à L’Atlantide (1919 ap. J.-C.), en passant par Wells, Conan Doyle ou Abraham Merritt, il semblait que la femme de lettres était proscrite au sein du sélect équipage de yachtmen de la littérature atlante. Men only. Accoudé au bastingage, on rêvait à ce qu’aurait pu nous en écrire Mary Shelley ou Shirley Jackson. Enfin, Noëlle Roger (1874-1953), ses 166 centimètres de hauteur et ses yeux gris vinrent, perturbant, l’année 1928, le règlement de ce club d’amateurs d’univers disparus et gourmet de mystère avec Le Soleil enseveli.

Née Hélène Dufour dans une famille d’historiens genevois, épouse de l’anthropo-archéologue Eugène Pittard, digne spécialiste des Balkans, on lui doit maints reportages de terrain lors de la première guerre mondiale, des biographies de Rousseau ou de Madame de Staël et, surtout, aujourd’hui oubliée, toute une œuvre aux parages de la science-fiction et du fantastique. Un corpus d’où se détachent, comme nous l’apprennent Guy Costes et Joseph Altairac (1957-2020) dans leur somme Rétrofictions (Les Belles Lettres, 2018), plusieurs récits traitant du surhomme et de la résurrection, des livres tueurs et de la survivance préhistorique. Des bravos, donc, aux éditions Metropolis et à l’historien Michel Porret, précieux postfacier, pour le retour en grâce de ce Soleil enseveli. On y suit le physicien Etienne Kerluce et son équipage aux Açores où, après Jules Verne et avant Edgar P. Jacobs, on met au jour une porte d’accès à l’univers englouti d’Atlantide : ses magiciennes, ses métaux magiques (l’orichalque), ses salles sacrées et ses inscriptions cryptiques et légendaires. Kerluce reviendra, de cette incursion aux mystères de l’Univers, métamorphosé et doté de pouvoirs thaumaturgiques. Une mutation initiatique inassimilable pour la société qui fera de Kerluce, par précaution, un interné psychiatrique. Un classique méconnu de l’imaginaire atlante à redécouvrir urgemment.

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