Didier et Véronique Besneville se souviennent précisément de l’appel téléphonique qu’ils ont reçu, le 29 juillet. Au bout du fil, « l’agent SI 2104 » de la Direction générale de la sécurité intérieure leur donne rendez-vous. Le surlendemain, les deux retraités quittent leur bourgade de Saint-Sauveur-sur-Ecole, en Seine-et-Marne, pour le siège du service de renseignement à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où ils sont questionnés, séparément, pendant plusieurs heures.
Le couple apprend ce jour-là que le Parquet national antiterroriste (PNAT) français a ouvert une procédure pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » à l’encontre de leur fils, Clément Besneville, disparu au Maroc à l’âge de 29 ans, le 10 avril 2024. « On nous a demandé s’il s’était radicalisé, si on connaissait ses amis marocains… », témoigne son père, abasourdi.
L’interrogatoire intervient alors que l’enquête de la police judiciaire (PJ) marocaine, lancée après sa disparition, piétine. L’ingénieur, qui n’a pas réapparu depuis près de vingt mois, reste introuvable. « Exceptionnelle dans le cas d’un ressortissant français au Maroc », d’après une source informée, cette affaire va à l’encontre des statistiques : le taux de résolution criminelle dans le royaume est de 96 %, rappelait, en juin 2024, au site marocain Médias24, le directeur central de la PJ locale.