La France insoumise « n’acceptera jamais l’entrisme religieux », a assuré samedi 6 décembre Jean-Luc Mélenchon lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire sur des liens supposés entre mouvements politiques et réseaux islamistes, assurant que son mouvement avait déjà été « innocenté » par les travaux de la commission.

« La question de la laïcité de l’Etat est fondatrice » pour notre mouvement, a affirmé Jean-Luc Mélenchon après avoir reconnu « l’existence d’une menace islamiste au milieu de bien d’autres ». Il a appelé à ne pas confondre « l’islam et l’islamisme » et « l’islamisme avec le terrorisme ».

« Votre commission a déjà produit les documents qui nous innocentent absolument. Tous les responsables de services de renseignement que vous avez entendus, aucun ne dit qu’il y a un lien entre nous et les islamistes », a renchéri le fondateur de LFI.

Jean-Luc Mélenchon a notamment fait référence à l’audition préalable, devant la même commission, des auteurs du rapport sur l’entrisme des Frères musulmans qui ont répété ne pas avoir observé de stratégie « au niveau national » sur les partis politiques. « Il n’a pas été mis en évidence, à notre connaissance, dans la doctrine de la mouvance française, de documents visant l’islamisation à court ou moyen terme », avait relevé Pascal Courtade, l’un des deux auteurs.

Le leader « insoumis » a également assuré n’avoir « aucune sorte de sympathie pour le régime iranien. Nous sommes opposés à tous les régimes théocratiques ». Quant aux accusations sur la présence d’islamistes aux côtés d’« insoumis » dans certaines manifestations propalestiniennes, il a renvoyé la balle au président Les Républicains de la commission, Xavier Breton, hostile au Mariage pour tous, en assurant que personne ne lui avait cherché « querelle sur la présence d’islamistes dans les manifestations » à l’époque.

Devant la commission, Jean-Luc Mélenchon, invoquant de nombreuses références historiques, a longuement défendu sa vision de la laïcité, « protectrice de la liberté du culte » et garantie par la loi de 1905 qui « n’est pas un athéisme d’Etat ». Il a expliqué « avoir évolué » sur la question et « renoncé à une forme d’anticléricalisme grossier ».

Il a mis en garde contre la tentation à droite et à l’extrême droite de vouloir réglementer des pratiques religieuses, interdire le port du voile dans la rue ou la pratique du jeûne.

« Bien sûr il y a des gens qui [le] mettent sur la tête comme un signal religieux. A nous de faire preuve à ce moment-là de discernement. C’est l’Etat qui est laïque en France, ce n’est pas la rue, et les adultes s’habillent comme ils l’entendent », a-t-il plaidé.

Confronté aux accusations d’antisémitisme de son mouvement par la députée Renaissance Prisca Thevenot, il les a balayées, faisant part de son « agacement de devoir sans cesse montrer patte blanche devant des inquisiteurs de circonstance ». « Vous n’étiez pas née, j’étais en train d’aider des juifs à quitter l’URSS », a-t-il assuré.

Jean-Luc Mélenchon était convoqué samedi par la commission d’enquête lancée par LR. Il avait été initialement convoqué pour être entendu mardi, comme la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, mais La France insoumise avait expliqué qu’il était « déjà pris ce mardi » et qu’il « ne pouvait être disponible dans un délai aussi court », l’invitation de la commission ayant été déposée au domicile du leader « insoumis » samedi soir.

Le bureau (président, vice-présidents, secrétaires…) de cette commission suscite de nombreuses critiques à gauche car il ne comprend aucun député issu de groupes de gauche, alors que le règlement dispose que ces nominations doivent se faire en s’« efforçant de reproduire la configuration politique de l’Assemblée ».

Lancée après de multiples soubresauts, la commission d’enquête, dont le président est le LR Xavier Breton et le rapporteur le ciottiste Matthieu Bloch, doit terminer ses travaux autour du 10 décembre.

Les pouvoirs d’une commission d’enquête comprennent notamment des convocations avec obligation pour la personne de s’y rendre, des pouvoirs d’investigation et de conduire des auditions sous serment.

Au début de son audition, mardi après-midi, Marine Tondelier avait accusé cette instance, « par la manière dont elle s’est créée et dont elle choisit et formule ses questions » de « nourrir ce climat de suspicion permanente qui pèse sur un trop grand nombre de nos compatriotes en raison d’une appartenance réelle ou supposée à une religion, en l’occurrence l’islam ».

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