Patrick Boucheron, historien : « Je n’accepte pas qu’on dise que je n’aime pas mon pays »

L’Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017), ce livre collectif vendu à 180 000 exemplaires, c’est lui. Marie-Antoinette guillotinée près de la Seine pour l’ouverture des Jeux olympiques, c’est lui aussi. L’historien Patrick Boucheron, 60 ans, incarne la figure de l’intellectuel de gauche prêt à descendre dans l’arène politique en s’appuyant sur son savoir universitaire. Quitte à être attaqué avec violence par Donald Trump, Vladimir Poutine et bien d’autres.

… Si je n’avais pas attendu vainement le petit frère ou la petite sœur que mes parents m’ont dit devoir arriver, quand j’avais 4 ou 5 ans, et qui n’est pas venu. Ils ne m’ont jamais vraiment expliqué ce qui s’était passé. J’ai fini par comprendre que je serais le seul enfant de ma famille, sans frère ni sœur, et longtemps sans cousin. Cela faisait de moi une sorte de personnage au centre de l’attention, choyé, aimé, célébré. Ma mère, qui était secrétaire pour l’armée américaine à Paris, avait arrêté de travailler pour m’élever, et ne me laissait jamais seul. Quand je veux être un peu indulgent avec moi-même, je me dis qu’avec un début comme ça les conséquences auraient pu être bien pires, en matière d’égotisme !

Etre enfant unique colore mon existence. J’ai choisi un mode de vie où je peux retrouver l’enfant que j’étais, seul, entouré de livres. Et, en même temps, rien ne me déplaît plus que l’autosuffisance. Ce que je cherche dans les livres, c’est à assouvir une inextinguible soif de fraternité.

Bien sûr. J’ai néanmoins tenté, dans mon métier, de concilier une grande solitude, notamment dans l’écriture, et la construction de collectifs de travail.

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