Certains parfums ne se contentent pas d’effleurer la peau?: ils s’enroulent dans la maille d’un pull, se nichent dans la doublure d’un manteau. Des années 1930 à 1950, on les appelait « parfums fourrure ». Comprenez?: des fragrances denses et texturées, conçues pour se fondre dans la chaleur du textile plutôt que de flotter dans l’air.
La pulvérisation de ces jus directement sur une étole, une écharpe ou un tour de cou modifie leurs propriétés olfactives. L’alcool s’évapore plus vite, les essences les plus volatiles disparaissent en quelques secondes, ne laissant que les notes les plus profondes – bois précieux, vanille, ambre, musc, cuir, tabac blond.
Vaporisé sur un tissu, le parfum infuse puis se déploie dans un sillage plus doux, plus intime, plus enveloppant. Associer l’étoffe à ce dernier relève presque de l’art, et certaines matières se prêtent mieux que d’autres à l’exercice?: la laine et le cachemire, qui retiennent les notes chaudes et musquées ; le velours et la soie épaisse, qui adoucissent les accords boisés ; la fourrure synthétique, enfin, qui sublime les nuances ambrées à l’origine de l’effet « seconde peau ». Une alchimie subtile entre fibre textile et fragrance, où le parfum devient texture et le vêtement, mémoire.