« Oui, c’est difficile de ne pas avoir de cadeaux à ouvrir, pas de sapin, pas de lumières de Noël. Puis on grandit et on s’y fait. » Pour la cinquième année d’affilée, Léa (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 28 ans, fêtera Noël seule. Au 13 rue Santeuil, dans le 5e arrondissement de Paris, sur l’un des campus de Paris-1 Panthéon-Sorbonne, la jeune femme originaire de Bordeaux suit un master d’histoire. Au sous-sol de ce même bâtiment, un mardi soir de décembre, elle fait la queue à une distribution alimentaire de Cop1, association qui vient en aide aux étudiants précaires.
Fille de deux militaires, Léa cumule quatre emplois en parallèle de ses études – serveuse, baby-sitter, livreuse de repas pour des personnes âgées et pet-sitter. Une situation qui la conduit presque systématiquement à travailler le 24 ou le 25 décembre. « De toute façon, même si je ne travaillais pas, les billets pour rentrer à Bordeaux sont trop chers », confie-t-elle. Les revenus de ses parents sont trop élevés pour que Léa soit éligible à la bourse sur critères sociaux. Sauf que son père ne l’a jamais aidée financièrement. Sa mère, quant à elle, ne parvient pas à soutenir Léa et sa petite sœur, étudiante à Lyon dans une école payante.