Le Soudan du Sud, tiraillé entre les deux rivaux du conflit soudanais

Le 8 décembre, les dirigeants sud-soudanais ont de nouveau levé les bras au ciel de dépit. Ce jour-là, au nord de leur frontière, les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », s’emparaient des installations pétrolières d’Heglig, jusque-là tenues par l’armée soudanaise. Cette bataille pour le contrôle de l’or noir contraint le Soudan du Sud à suspendre sa production de brut, les combats menaçant l’oléoduc par lequel transite son pétrole. Une interruption lourde de conséquences pour Juba, dont les exportations pétrolières représentent plus de 90 % des recettes publiques.

Cet incident n’est pas le premier depuis qu’a éclaté, en avril 2023, la guerre civile soudanaise : Juba avait stoppé sa production le 15 novembre, après une attaque de drones menée par les FSR sur Heglig. Plus tôt, de février à octobre 2024, la rupture d’un des deux pipelines traversant le Soudan avait déjà paralysé ses exportations. Cet oléoduc, long de 1 600 kilomètres, relie les gisements sud-soudanais aux terminaux de Port-Soudan, sur la mer Rouge : un axe vital, pris dans la tourmente des combats.

Cette menace permanente pousse le président sud-soudanais, Salva Kiir, à un exercice d’équilibrisme périlleux entre les deux camps ennemis qui se déchirent au nord de son pays. Malgré une santé fragile et un Etat failli, le dirigeant de 74 ans maintient cette posture de neutralité calculée.

« Le conflit au Soudan dicte une bonne partie des orientations politiques de Juba, estime Jan Pospisil, professeur associé au Centre de recherche pour la paix et la sécurité de l’université britannique de Coventry. Le Soudan du Sud a su garder une position pragmatique de neutralité, malgré des liens notables avec les FSR. »

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