Kareem Rahma sur le canapé du « Late Night » show de Seth Meyers sur NBC le 10 décembre, puis en une du New York Magazine cinq jours plus tard, où il est présenté comme l’une des raisons d’aimer New York : drôle de destin pour cet Egypto-Américain de 39 ans encore inconnu il y a deux ans. En 2023, il lance ses SubwayTakes, des vidéos ultracourtes tournées dans le métro et diffusées sur les réseaux sociaux. La conversation commence toujours de la même façon : « So, what is your take ? » – « Alors, quelle idée veux-tu défendre ? » L’invité, souvent un parfait inconnu, a ensuite deux minutes pour développer un point de vue inattendu et anticonformiste, comme « chaque pays devrait avoir l’arme nucléaire », « il ne suffit pas d’avoir un chien pour avoir l’air intéressant » ou « les siestes, c’est dégoûtant ». Ce qui marche – 1,8 million d’abonnés sur Instagram –, c’est le ton à la fois décalé et toujours bienveillant.
Le succès de ces takes doit beaucoup au style de son présentateur – costume oversize, boucles d’oreilles et lunettes noires – et à sa personnalité. Né au Caire, arrivé aux Etats-Unis à 3 ans, Kareem Rahma grandit dans le Minnesota avant d’y faire ses études de journalisme et de marketing. « En tant qu’enfant musulman dans le Minnesota, j’ai appris à être un caméléon. Je ne voulais pas être différent. Quand je suis entré à l’école à 6 ans, je ne savais pas parler anglais et j’ai été harcelé pour ça », confiait-il au magazine Esquire début décembre. A 25 ans, il débarque à Brooklyn. Passé par le magazine en ligne Vice puis le New York Times, où il lance les premières vidéos verticales, il veut entreprendre et finit par monter une société de production vidéo, sans véritable succès.