Les trois romans de Stuart Turton (Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle, L’Etrange Traversée du Saardam et ce Dernier meurtre au bout du monde, tous trois en 10/18) ressemblent à s’y méprendre à l’étrange scarabée d’or inventé par le cinéaste Guillermo del Toro dans son film Cronos (1992) : un mécanisme magique qui s’agriffe à la chair de l’imprudent, n’en démord pas et agit en profondeur. Ce troisième roman de Turton procède de même : ouvert, il se plante dans l’attention du lecteur qu’il irrigue d’une magie envoûtante et laisse pantoise.
Ecoutez plutôt : un nuage toxique a anéanti le monde, terre et peuples. Seule demeure une île, menacée d’un brouillard opaque, mais refuge protégé de 125 élus qui y vivent dans la paix et la pratique de l’artisanat ou de l’élevage. Les mènent trois ancêtres, Théa, Niema la muette et Hephaestus le technicien boiteux. Une sorte de conscience supérieure nommée Abi couve l’île de son omnipotence. Rien ne devrait entraver le paisible cours du temps.