Cette fois sur le podium, il n’est pas seul, ni sur la plus haute marche. Il laisse ses copains relayeurs profiter eux aussi des projecteurs. Léon Marchand a conclu sa semaine, dimanche 4 août, par une médaille de bronze avec Yohann Ndoye-Brouard, Maxime Grousset et Florent Manaudou, la première de l’histoire des Bleus sur 4 × 100 m 4 nages. « Je partais pour une médaille je reviens avec cinq », jubile le nageur de 22 ans, malgré « beaucoup de fatigue » après quatorze courses en sept jours.
Le Toulousain avait peut-être peur de s’ennuyer pendant ses Jeux, alors il s’est concocté un tournoi olympique pour lui tout seul dans le décor de la Paris La Défense Arena, salle de concert rebaptisée – en tout cas sur le compte X de la salle – « ParisLéonMarchand Arena ».
Pendant une semaine, il a fait de la piscine en kit plantée en contrebas des vertigineux gradins, son terrain de jeu. En la découvrant la première fois, il s’y est senti « un peu minuscule » mais elle l’aura vu accomplir une performance majuscule. Avec quatre titres olympiques en autant d’épreuves individuelles, il est d’ores et déjà célébré comme l’un des « héros » de ces JO.
La natation avait enfanté Christine Caron, la « petite fiancée de la France » surnom donné par la plume vagabonde d’Antoine Blondin dans le sillage de sa médaille d’argent à Tokyo, en 1964. Quarante ans plus tard, un tsunami médiatique déferle sur la « sirène » Laure Manaudou à son retour d’Athènes (or, argent, bronze), en 2004. Cent après les derniers Jeux d’été à domicile, Léon Marchand, bouclettes blondes et regard bleu lagon, fait chavirer 68 millions de Français en changeant l’eau en or.
La belle histoire a commencé en 2022 sur les rives du Danube, à Budapest (double champion du monde sur 400 m et 200 m 4 nages). L’été suivant, le protégé de Bob Bowman et Nicolas Castel conserve ses titres dans la touffeur de Fukuoka (Japon) et en ajoute un sur 200 m papillon. Avec autant de lingots d’or dans ses valises, il est arrivé dans la capitale en portant les espoirs de tout un pays sur ses épaules – certes, un peu moins frêles qu’avant. « Ça fait un peu beaucoup à gérer pour un mec de 22 ans », lâchait-il, trois jours avant son premier plongeon, tout en promettant de « se servir de cet engouement ».
Dès le 28 juillet, pour son entrée en lice sur 400 m 4 nages, les tribunes trépignent, grondent et scandent son prénom. Sur le parcours de brasse, les 16 000 spectateurs rugissent dès que l’homme poisson sort la tête de l’eau pour reprendre sa respiration. Il sourit de ce charivari, qui ne semble pas l’inhiber, mais plutôt le transcender. « Il vit son moment simplement. Il profite », observe Nicolas Castel.