Certaines mauvaises langues prétendent que les chats sont des créatures narcissiques, sournoises et paranoïaques, qui tirent habilement parti de notre aveuglement amoureux pour coloniser nos vies et transformer nos foyers en leurs royaumes. D’autres âmes, plus rêveuses, n’ont pas hésité à hisser ces petits félins au rang de divinités, comme s’ils étaient tout droit sortis d’un conte.
L’histoire littéraire est truffée de ces témoignages d’amour et de fascination. De Charles Baudelaire (1821-1867) – « Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux » (Le Chat, dans « Spleen et idéal », Les Fleurs du mal) – à Hippolyte Taine (1828-1893) – « Dans votre cœur tranquille et dans vos larges yeux,/ ô vénérable chat, la sagesse est innée » (Le Bonheur)–, sans oublier Colette (1873-1954), pour qui « il n’y a pas de chats ordinaires », la littérature est un espace où les chats sont aussi chez eux, follement aimés. Dans son récit Toi (Seuil, 2025), Hélène Gestern a même inventé le néologisme « chaternité » pour nommer ce lien particulier avec son animal.