Sur le papier, la mention est honorable. Dans les faits, c’est plus problématique. En se faisant éliminer en demi-finales de l’Euro 2024, face à l’Espagne (2-1) mardi 9 juillet, l’équipe de France nourrira longtemps des regrets dus à son manque flagrant d’efficacité offensive. Avec un seul but marqué dans le cours du jeu, tout au long de la compétition, les Bleus ont livré un jeu d’une grande pauvreté, fondé uniquement sur une défense solide.
Illustrant parfaitement le manque de rendement offensif, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann, deux hommes censés être leaders sur le terrain, ont été fantomatiques. La star de Bondy, qui assurait en début de compétition vouloir « marquer de son empreinte » la compétition, l’a finalement traversée comme une ombre, à l’image de ses statistiques décevantes pour un joueur de son calibre : 37 tirs pour zéro but dans le jeu. Pour retrouver des couleurs en vue du Mondial 2026, le numéro 10, qui disputait son premier tournoi en tant que capitaine, devra digérer son transfert retentissant vers le Real Madrid. Lucide sur son tournoi, Kylian Mbappé a reconnu, sans détour, être passé à côté du rendez-vous : « J’avais deux objectifs : être champion d’Europe et faire un bon tournoi, je n’ai fait ni l’un ni l’autre », confiait-il en zone mixte, après le match. « Je vais partir en vacances et revenir très fort. »
De son côté, le principal artisan du titre mondial en 2018, Antoine Griezmann, a été ballotté de poste en poste, sans parvenir à retrouver de sa superbe, jusqu’à rejoindre progressivement le banc des remplaçants. Une situation qui questionne, en premier lieu l’intéressé lui-même : « C’est la vie du footballeur. Il y en a qui n’ont pas joué une minute, donc ça ne va pas être moi qui vais me plaindre », glissait-il après la déconvenue contre l’Espagne. Pour le vice-capitaine, la donne est différente de celle de Kylian Mbappé (25 ans). Lui qui était déjà là en 2014, au Brésil, aura 35 ans en 2026.
La nouvelle génération, incarnée par des joueurs comme Eduardo Camavinga ou Aurélien Tchouaméni, ne semble pas encore avoir les épaules pour mener la danse. Si la défense, incarnée par le rassurant Mike Maignan et un quatuor inédit (Koundé-Saliba-Upamecano-Hernandez), semble offrir des garanties, la recherche d’hommes forts au milieu de terrain et en attaque va devenir un axe prioritaire pour le staff tricolore.
Car pendant l’Euro, Didier Deschamps a semblé incapable de trouver une parade pour répondre aux manquements offensifs dont a fait preuve son équipe. Un parcours au goût d’inachevé qui ne manquera pas de relancer, une fois encore, les doutes sur son avenir à la tête de l’équipe nationale. « Il ne faut pas oublier tout ce qu’il a apporté, mais peut-être est-il en fin de cycle, questionne Gaétan, supporteur français présent à Munich, ce 9 juillet. C’est un coach incroyable, mais sur cette compétition, on a eu l’impression qu’il manquait d’imagination. »
Au sortir du match contre la Roja, le sélectionneur ne se cherchait d’ailleurs pas d’excuse. « L’Espagne a été supérieure dans la maîtrise, même si on a essayé jusqu’au bout. C’est l’équipe qui avait laissé la meilleure impression jusqu’ici et elle l’a montré encore ce soir. » « On avait peut-être un peu moins de jus, de fraîcheur, ce qui a mené à trop de déchet technique dans la construction du jeu », confiait-il, déçu, au micro de TF1.
Si le contrat du Basque court jusqu’en 2026 et la prochaine Coupe du monde aux États-Unis, au Mexique et au Canada, nul doute que son obsession de l’équilibre défensif et sa frilosité à faire entrer des remplaçants plus tôt dans les matchs ne plaident pas en sa faveur. Pour l’heure, le président de la Fédération française de football (FFF), Philippe Diallo, a confirmé le maintien du champion du monde à la tête de la sélection.
Toutefois, au sein de la fédération, certains estiment qu’une remise en question pourrait voir le jour. «L’attractivité autour du jeu de l’équipe de France reste un enjeu important. Elle doit produire du beau jeu et afficher un visage plus compétitif, estime un cadre de la FFF. Reste à savoir si Deschamps est capable de renouveler ses idées pour que l’équipe de France retrouve vite les sommets, avec la génération incroyable qu’elle possède. »
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Après l’élimination de l’équipe de France de l’Euro 2024, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (57 buts), Olivier Giroud, 37 ans, met fin à sa carrière internationale. Le joueur avait connu sa première sélection en 2011, sous la direction, à l’époque, de Laurent Blanc. Atypique par la taille, l’attaquant est devenu progressivement un homme fort de Didier Deschamps, participant à toutes les campagnes (Euro et Coupe du monde), depuis 2012. Titulaire indiscutable lors du sacre de 2018, il n’avait marqué aucun but pendant la compétition mais avait joué un rôle crucial lors des phases offensives, en qualité de pivot. Lors de l’Euro 2024, il s’est contenté d’un rôle de remplaçant de luxe. Si sa carrière se termine en Bleu, elle continue en club, avec une nouvelle aventure au Los Angeles FC où il arrivera cet été.