« La cérémonie d’investiture de Trump risque de ressembler à un sommet informel de l’“internationale réactionnaire” »

Qu’y a-t-il de commun entre Keir Starmer, Olaf Scholz, Mette Frederiksen et Justin Trudeau, les chefs de gouvernement britannique, allemand, danois et canadien ? Ils sont tous sociaux-démocrates ou de centre gauche. Et ils ont tous été, ces deux dernières semaines, la cible d’attaques de Donald Trump ou d’Elon Musk.

Autre caractéristique qu’ils partagent : ils ne sont pas invités à la cérémonie d’investiture du président Trump, lundi 20 janvier, à Washington. Rien d’étonnant, diront les experts du protocole : traditionnellement, les chefs d’Etat ou de gouvernement étrangers ne sont pas invités. Il y en aura pourtant quelques-uns lundi, mais ceux-là ne sont pas de la même obédience que ces centristes relégués à un autre monde. Car la liste des personnalités étrangères conviées par l’équipe Trump, que l’on découvre au fil des jours, ressemble de plus en plus à un sommet informel de cette nouvelle « internationale réactionnaire » inventée en Amérique latine et dénoncée, le 6 janvier, par Emmanuel Macron.

L’expression, que le président français a utilisée à propos du patron du réseau social X, le milliardaire Elon Musk, a été analysée, en novembre 2023, dans la revue Le Grand Continent, par deux chercheurs argentins, pour décrire le courant incarné par le président iconoclaste Javier Milei, aussi surnommé el loco (« le fou ») dans son pays. Les deux universitaires Bernabé Malacalza et Juan Gabriel Tokatlian décryptent la « diplomatie complotiste » de Milei et voient émerger, avec lui, une nouveauté, celle d’une « internationale réactionnaire de facto, aux multiples facettes, géographiquement dispersée et idéologiquement hétérogène ».

Dix-huit mois plus tard, nous y sommes. En 2025, sans être institutionnalisée comme a pu l’être l’Internationale socialiste, l’« internationale réactionnaire » prend forme – une forme chaotique, à l’image du monde. Javier Milei, libertarien qui se vante d’avoir un « mépris infini pour l’Etat » et dont Trump dit qu’il est son « président préféré », a été le premier à annoncer sa présence à la cérémonie d’investiture. Il y sera en bonne compagnie : aucune liste officielle des invités étrangers n’a encore été publiée, mais chaque nouveau nom qui circule enrichit un palmarès, de plus en plus fourni, des têtes de mouvements populistes de la planète.

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