Calme, douceur et légèreté à la fashion week homme de Paris

Les températures élevées n’ont pas freiné les ardeurs du petit monde de la mode, dans les derniers jours de la fashion week masculine printemps-été 2026, qui s’est tenue à Paris jusqu’au 29 juin. Les abords des défilés sont toujours plus encombrés par des fans espérant apercevoir leurs stars préférées ou des accros au style cherchant à émouvoir les agents de sécurité pour assister au spectacle. Sur les podiums, l’ambiance est tout autre : il y règne une certaine douceur, un calme salutaire.

Chez Hermès, Véronique Nichanian, qui tient les rênes de la mode masculine depuis 1988, ne dit pas autre chose : « C’est un vestiaire pour la ville, en plein été. Je voulais insuffler un sentiment de légèreté et de douceur, comme une agréable brise. Je pense que nous en avons tous besoin en ce moment. » Cela passe par des matières luxueuses travaillées très délicatement, comme ces surchemises et blousons fins en cuir ajouré, ces débardeurs et vareuses en fine maille de coton ou en soie, ces grands tee-shirts en maille de lin ou encore ces pantalons un peu larges, en sergé de coton, qui semblent flotter autour de la jambe. Les pulls aux imprimés géométriques sont en maille épaisse, mais sans lourdeur. Les grands cabas en toile et cuir ajoutent quant à eux un côté voyageur à ce citadin décontracté. Autour des cous, les foulards verts, roses ou jaunes aux bords effilochés et noués à la va-vite tranchent avec la palette presque automnale de cette belle collection estivale.

L’été 2026 sera également citadin pour Officine générale, qui a organisé son défilé dans la rue, juste devant ses bureaux du 6e arrondissement de Paris. La marque, fondée par Pierre Mahéo en 2012, a fait du vestiaire fonctionnel sa marque de fabrique. Cette saison, il lui ajoute un esprit Riviera. « Paris est une ville merveilleuse, mais elle a un défaut majeur : elle est loin de la côte. J’ai donc imaginé une collection d’été parisienne, à la fois urbaine et balnéaire », explique le créateur. L’homme – et la femme – en Officine générale déambulent sur le bitume dans des pantalons larges en popeline poids plume, roulottés aux chevilles ; dans des chemises en coton rayé ou imprimé, passées par-dessus des marinières ; dans des vestes zippées en nubuck. Aux pieds, des chaussons souples ou des tongs en cuir, pour un pas très léger. En adéquation avec cette sobre et efficace collection.

Pour Marine Serre, l’heure est également à l’accalmie. Pas de mégashow cette saison, la créatrice ayant préféré le cadre intimiste d’une galerie d’art pour présenter sa collection mixte. « Je voulais vraiment mettre l’accent sur le vêtement. Un lieu d’exposition est idéal pour cela, comme lorsqu’on regarde des peintures. » Avec l’upcycling et la récupération de tissus pour fil rouge, Marine Serre propose des pantalons larges et des vestes de travail en patchwork de denim, des blazers coupés près du corps ou encore des chemises inspirées des scouts, avec foulards et patchs intégrés. Le logo lune – la signature maison – habille efficacement les délavages des jeans, les blousons bombers ou les attaches des chaussures. L’avantage d’une présentation au plus près des vêtements est de pouvoir les toucher et d’en apprécier la qualité de fabrication. Ce qui est ici le cas.

Créateur bulgare installé à Londres, Kiko Kostadinov présente ses collections à Paris depuis 2022. C’est dans un garage du nord de Paris, dont certaines salles ont été parsemées de sable fin, que le trentenaire a présenté sa collection, inspirée par une île imaginaire. Une vie insulaire paisible. Les vestes et pantalons rayés sont légers comme des pyjamas, les shorts en coton fin sont amples, et les polos souples ont des empiècements en cuir bien pensés. Les motifs graphiques évoquent des vagues ou des fleurs, tout comme les couleurs de ce vestiaire facile à vivre : brun, vert, bleu… Les grands sacs souples façon fourre-tout s’inspirent quant à eux des cornemuses et besaces de bergers bulgares.

Un retour aux sources que l’on retrouve également chez Willy Chavarria, doublé d’un message fort. Le créateur californien a commencé par envoyer sur le podium de la Salle Pleyel une trentaine d’hommes en tee-shirts et bermudas blancs, fabriqués en collaboration avec l’Union américaine pour les libertés civiles, une association qui défend les libertés individuelles et d’expression. Assis, les mains dans le dos, ils adoptent une position inspirée de celles des prisonniers du centre de confinement du terrorisme, la prison inaugurée par le président du Salvador, en 2023. Les images des détenus, parmi lesquels de nombreux migrants expulsés par le gouvernement des Etats-Unis depuis avril, ont fait le tour du monde.

Accompagnée de la voix puissante de la chanteuse mexicaine Vivir Quintana, la collection est intitulée « Huron », du nom de la ville natale du créateur. Les grands costumes colorés évoquent ceux qu’ils voyaient dans son enfance, tout comme les larges cravates. Puis viennent des bermudas amples, des blazers XXL, des polos superposés ou encore des blousons courts zippés, portés avec des pantalons baggy. Un vestiaire à la beauté mélancolique.

Enfin, le Britannique Craig Green, habitué de la Fashion Week de Londres, a présenté son nouvel opus au Conservatoire national des arts et métiers. Artisan de la déconstruction, le diplômé de la Central Saint Martins londonienne continue ses expérimentations réussies : les parkas et trench-coats sont découpés dans le dos, les vestes sont fermées d’une dizaine de lanières, des pans de tissu s’échappent des chemises et des shorts. Les imprimés, eux, sont fleuris et colorés. « Plus on vieillit, plus on a envie de faire des choses simples, comme cultiver son jardin, non ? », dit amusé le presque quadragénaire, à l’issue du défilé. Une autre manière de convoquer le calme et la douceur.

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