Délivré à Paris à partir de 1969-1970, à la demande du théoricien américain de la littérature Paul de Man (1919-1983), pour des étudiants venus de plusieurs universités américaines, le séminaire « Psychanalyse et critique littéraire », du philosophe Jacques Derrida (1930-2004), d’une belle érudition et fort bien édité, annonce les textes ultérieurs du philosophe consacrés à Edgar Poe ou à Stéphane Mallarmé. Ce faisant, il prolonge ceux qui étaient parus antérieurement dans la revue Tel Quel, à l’initiative de Philippe Sollers. S’appuyant sur la manière dont Freud pense l’esthétique, Derrida affirme que l’invention littéraire pose le principe d’une intertextualité, chaque texte renvoyant à un autre texte.
C’est l’occasion pour le philosophe de revenir sur la rencontre manquée, durant les années 1920, entre le maître de Vienne et son plus grand admirateur français, André Breton. Celui-ci plaçait la notion d’inconscient au cœur de la révolution surréaliste. Cultivant les auteurs classiques, Freud ne comprenait rien à son projet. D’où la déception du poète : l’auteur d’une œuvre, si géniale soit-elle, demeure étranger à l’avant-garde littéraire qui se réclame de lui, observe Derrida.