Donald Trump traverse une période de félicité politique rare. En dehors de quelques juges fédéraux, personne ne semble assez fort ou téméraire pour s’opposer au président américain, qui prétend modifier à son profit l’équilibre des institutions, affaiblir les protections sociales et désigner les migrants comme des ennemis de l’intérieur.
Jeudi 3 juillet, conformément au calendrier qu’il avait imposé, la Chambre des représentants a voté le texte législatif majeur de ce mandat : le One Big Beautiful Bill (OBBB). Très onéreux, risqué, confus, lourd de menaces aussi pour les plus vulnérables, le projet a été adopté (218 voix contre 214) et salué de cris « USA ! » par les républicains, après avoir été modifié par le Sénat, mardi. Donald Trump devrait signer la loi dans la journée de vendredi, juste à temps pour le week-end de la fête nationale, qui, cette année, sera d’abord la sienne, alors qu’il est au faîte de son pouvoir.
Ce pari réussi illustre la domination totale de Donald Trump sur le Parti républicain et la soumission fervente ou humiliante de ses élus, en contradiction parfois avec leurs convictions intimes. Leur courte majorité à la Chambre et leurs différences de vues laissaient croire à la possibilité d’une rébellion. Elle n’a pas eu lieu, comme à l’accoutumée. Seuls deux représentants, Thomas Massie (Kentucky) et Brian Fitzpatrick (Pennsylvanie), ont voté contre. Depuis six mois, les républicains ont accepté que la Maison Blanche piétine les prérogatives du Congrès, le contournant par des décrets présidentiels en rafale, présentant des candidats extrémistes et impropres à des postes sensibles de l’administration, ou bien imposant un examen au pas de charge de l’OBBB.