« Tu vas encore sur Google, toi ? » Bim, vous voilà relégué au rang de cyberboomer. Votre tort : ne pas utiliser ChatGPT, Perplexity, Claude, ou autre agent conversationnel pour vos recherches en ligne. La remarque, un brin condescendante, est révélatrice d’une tendance – plus probablement d’une révolution –, avec des conséquences vertigineuses pour l’avenir du Web. Prenez les arguments de Perplexity : ce moteur de recherche américain par IA vante, sur son site, sa capacité à offrir « des réponses complètes qui synthétisent les informations issues de multiples sources », en « éliminant le besoin de naviguer sur de nombreuses pages Web pour trouver ce que vous cherchez ». Or, si les internautes ne voient plus l’intérêt de naviguer sur le Web… que va-t-il devenir ?
Inventé par Tim Berners-Lee en 1989, le World Wide Web consiste à relier des documents entre eux sur Internet, grâce à des liens hypertextes. En quelques années, il est devenu une immense toile de millions de pages connectées les unes aux autres, et a fait d’Internet un outil grand public. Jean-François Groff fait partie de l’équipe qui a posé les premières pierres du Web aux côtés de Tim Berners-Lee. « Je me souviens de l’émerveillement que j’ai ressenti en 1995 à l’arrivée d’AltaVista, l’un des premiers moteurs de recherche. J’ai eu la même réaction quand, quatre ans plus tard, Google est arrivé, car il était bien meilleur. Aujourd’hui, il se passe la même chose avec la recherche assistée par IA. »