« Nous, prisonniers politiques russes, n’avons pas perdu notre voix »

Nous, prisonniers politiques russes, nous nous adressons à tous les responsables politiques étrangers qui ne sont pas indifférents aux souffrances infligées à certains en raison de leurs convictions politiques. Nous sommes au moins 10 000 personnes, prisonniers politiques russes et civils ukrainiens en otage. Nous avons une chose en commun : nous avons été punis pour avoir eu une prise de position civique.

Le terme « justice », qu’il s’agisse du système judiciaire ou de la justice sociale, n’a plus aucune signification en Russie, où n’importe qui peut se retrouver derrière les barreaux pour avoir le courage de penser de façon critique. La législation répressive, mise en place avec l’objectif de supprimer toute pensée non conforme, est renforcée de manière systématique depuis 2012. Entre 2018 et 2022, plus de 50 lois ont été adoptées en ce sens, et encore plus de 60 l’ont été depuis février 2022 [point de départ de la tentative d’invasion de l’Ukraine par les troupes russes].

Dans les procès politiques en Russie, les accusés ne sont jamais relaxés. Les peines prononcées sont de plus en plus cruelles – des condamnations à dix, quinze ou vingt ans de prison n’étonnent plus personne. Au sein de la Douma [la Chambre basse du Parlement russe], on entend régulièrement des appels à rétablir la peine de mort.

Il y avait déjà peu de chances d’avoir un procès équitable pour une personne impliquée dans ce genre d’affaires. Les recours ont définitivement disparu en 2022, lorsque la Russie a refusé d’exécuter les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme. Les instituts de défense des droits humains ont, dans la Russie d’aujourd’hui, ont été remplacés par des organes qui ne font qu’imiter les activités de défense des droits.

Par conséquent, la santé et la vie des personnes détenues sont menacées, les actes de torture ou de violence à leur rencontre ne font généralement l’objet ni d’enquête ni de jugements. Les prisonniers politiques sont fréquemment détenus dans des conditions plus strictes que les autres, se voient privés de la possibilité de demander un aménagement de leur peine ou de meilleures conditions de détention. Une pratique fréquente consiste à ouvrir une nouvelle affaire contre un détenu sur délation d’un autre condamné.

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